Paroisse catholique francophone de Prague
Église Saint-Gilles

in memoriam

P. Petr Kolar

Père Petr Kolar

Petr Kolar a grandi à Ostrava, ville industrielle en Moravie du nord, dans une famille d’origine ouvrière et catholique pratiquante. C’est à l’âge de 18 ans qu’il apprend l’existence de l’unique séminaire du pays ; il s’y porte candidat mais s’en voit refuser l’entrée. Cette candidature avortée ne passe pas inaperçue des autorités communistes et selon P. Kolar par cette démarche sa « carrière d’opposant au régime était lancée ». S’ensuivent surveillance, brimades et affectation à des tâches subalternes en usine puis au service militaire.

Le retour au pays n’est pas possible dans l’immédiat.
Pour lui,« l’immédiat » durera 22 ans.

Mais P. Kolar est persévérant, et si le projet de sacerdoce n’est toujours pas possible, il convainc ses supérieurs de le promouvoir puis quelques années plus tard de l’autoriser à poursuivre ses études sous forme de cours du soir à l’école des Mines d’Ostrava. Parallèlement P. Kolar découvre et se passionne pour l’alpinisme – qu’il pratiquera à très haut niveau. C’est la pratique de ce sport qui fait basculer sa vie : il se trouve en Yougoslavie pour un court séjour d’alpinisme lorsque les troupes du Pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie en août 1968. Les frontières sont temporairement fermées et le retour au pays n’est pas possible dans l’immédiat. Pour lui, « l’immédiat » durera 22 ans.

Sans papiers ni argent, P. Kolar décide alors de partir pour l’Autriche et se présente à la maison des jésuites de Vienne. Il y fera son noviciat. C’est le début d’un long périple qui le conduit d’Autriche en Allemagne, puis en France, aux Etats-Unis et en Italie. Ordonné prêtre en 1975, P. Kolar se voit confier successivement de nombreuses missions dont l’accueil des migrants tchèques en France, puis est journaliste à Radio Vatican, enfin, de retour en France il devient ministre du Centre Sèvres, la faculté jésuite de Paris.

En 1989, suite à la révolution de velours, il obtient un visa de trois jours et retrouve à Ostrava famille et amis. Il prend immédiatement la décision de revenir en Tchécoslovaquie et de s’y installer définitivement. Il retrouve alors le métier de journaliste déjà pratiqué à Radio Vatican et travaille pour la Radio tchèque.

Quand la paroisse francophone voit le jour à Prague en 1990, il est le seul prêtre francophone disponible à Prague. Il le restera jusqu’en 2005 et accompagnera notre paroisse et plusieurs générations de fidèles. Même après sa retraite, il était toujours disponible pour célébrer la messe régulièrement n’hésitant pas à célébrer des messes même quand nous n’étions que 4 ou 5 pendant les vacances d’été. P. Kolar partageait son expérience de l'exil, de la vie de jésuite ou des traditions locales. Certains fidèles venaient de loin pour écouter ses homélies ou il partageait son érudition pour nous apporter un éclairage sur le message bien actuel des Écritures.

Père Petr Kolar

Il a rejoint le Père le 23 mai 2023. Deux mois avant son départ, nous avons eu la joie de célébrer son jubilé lors d'une messe des familles en l'Église de Saint-Gilles. Sa présence nous a permis de lui adresser un grand merci pour ces années passées auprès de notre communauté a faire germer et grandir la foi en de nombreux paroissiens aujourd’hui dispersés sur tous les continents du monde, en France bien sûr et quelques-uns encore à Prague.


Pour en savoir plus :

  • « La liberté d’abord, entretiens avec Petr Kolar », Livre de Joseph Beranek, Cesta 2003
  • Petr Kolář, le plus français des jésuites tchèques sur Radio Prague 1ère partie - 2ème partie
  • Petr Kolář : « Havel était la conscience de beaucoup de monde par ses textes » Interview sur Radio Prague